Introduction

Ceci est le compte-rendu du festival Itinérances d'Alès. Dans ce compte-rendu, j'ai choisi de porter mon attention sur les courts-métrages d'animation et l'attelier Peinture Animée, ainsi que sur le film THX 1138 de Georges Lucas qui m'a particulièrement plu.

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THX 1138

Résumé

Dans ce film, des êtres humains vivent dans une société qui règle totalement leur vie, absorbant leur humeurs en régulant leurs taux d'hormones à coup de pilules. Ils ne connaisent pas l'amour, et se reproduisent uniquement à des fins de régulation de la population. THX 1138 est un des ces êtres. Il vit dans un appartement avec une femme, qui petit à petit échange certaines des pillules qu'il prend, au risque de se rendre malade elle-même. Grâce à cela, THX tombe amoureux d'elle. Mais ils sont séparés l'un de l'autre et par la suite leur aventure est découverte. THX se retrouve alors dans un camp de prosoniers, autrement dit un groupe de prisoniers déposés au milieu d'un désert blanc, et qui ne fuient pas car ils pensent n'avoir nulle part où aller. Cependant THX part de ce lieu et parvient par hasard à découvrir la voie qui lui permet de sortir de ce monde souterrain. Il y parvient et voit pour la première fois le soleil couchant.

Des références à la vie future de Georges Lucas

THX 1138 est le premier film de Georges Lucas, et on peut déjà y rencontrer des "références" futures à Star Wars. Tout d'abord, il y a des personnages qui ont été repris dans Star Wars, comme le robot que répare THX qui est identique à Z6PO, l'androïde de protocole dans Star Wars. De même, on entend à la radio un comique expliquant comment il a renversé un Wookie.

Au niveau du son, on peut remarquer une ambiance très travaillée, avec de nombreux sons très courts (un appel radio, un bruit électronique, un ordre...) qui sont juxtaposés, se chevauchent, afin de créer une impression de frénésie absurde où les messages se perdent la moitié du temps, et dans laquelle tout le monde s'ignore. Cette ambiance n'a pas été gardée dans star wars, cependant rien n'a été utilisé pour la remplacer dans les premiers films (Star Wars 4, 5 et 6), ce qui a donné une impression de vide sonore, car il n'y avait pas de musique, et de grandes périodes étaient sans dialogue. La norme "THX (Lucasfilms)" pour l'équipage sonore des salles de cinéma provient probablement de ce film.

Pour ce qui est des couleurs, il y a une prédominance des tons noirs et blanc, et souvent du rouge. Ceci n'est pas sans rappeller l'ambiance qui règne dans l'Etoile de la Mort, relation accentuée par les habitants de ce monde, tous préformatés et contrôlés comme les clones de Star Wars.

Une satire de la société

Ce film est une satire de la société, en effet Georges Lucas nous montre des habitants sous régulateurs d'hormonnes, en constante surveillance par des policiers sans visage, ce qui fait penser à notre habitude d'abuser des médicaments, et de vouloir tout contrôler. Associé avec le "guide" stalinien, mi-prêtre, mi-psy, distributeur automatique de confessions, qui répond toujours les mêmes phrases lorsque les habitants viennent soulager leur conscience, ou parler de leurs soucis, cela pourrait faire penser à cune critique du communisme, cependant l'esprit purement financier est aussi décrié, avec cette loi qui décrète que toute opération est annulée si elle dépasse 5% du budget.

On voit aussi un reproche aux médias lorsque THX regarde un film policier, constitué d'une seule scène répétitive où on voit un homme se faire battre par un policier, des coups de matraque identiques à répétition, à intervales plus ou moins réguliers. Les hommes sont comme des rebots, ils manipulent des matières radioactives à travers une vitre de plomb, sous régulateurs d'hormones, en étant surveillé par toute une équipe, et lorsque quelque chose ne va pas, ils sont reprogrammés en direct. C'est une vision du monde du travail similaire aux "Temps Modernes" de Charlie Chaplin.

Fin du film

Le dernier plan est constitué de la silhouette de THX, à côté de la bouche qui lui a permi de s'échapper, au milieu d'un paysage désertique, regardant l'immense soleil couchant en arrière-plan. On comprend qu'il est voué à la mort, au crépuscule de sa vie, seul à l'extérieur sans moyen de subsistance, mais il est parvenu à s'affranchir du cocon de la société, il a conquis sa liberté. Ce n'était pas seulement une fuite pour échapper à la société, il lui a fallu renoncer à cela, et on le voit quand quelques mètres avant la sortie, les gardes lui disent que c'est le point de non-retour, qu'ils vont l'abandonner, car à ce moment-là, plutôt que de s'enfuir d'autant plus vite, il a un moment d'hésitation, la peur de l'au-delà. Quand il parvient à la surface, on comprend que malgré l'effort demandé pour s'échapper, ça en vallait le coup.

Atelier Peinture Animée

Lors de cet attelier, l'animatrice nous a montré comment elle procède pour réaliser des films d'animation avec de la peinture.

Fonctionnement de la technique de la Peinture Animée

Tout d'abord, elle peint un fond fixe, son décor, qu'elle place ensuite sous une plaque de verre. Elle prend une dizaine d'images fixes du fond grâce à une caméra placée au-dessus et un logiciel d'acquisition. La caméra utilisée ne doit surtout pas être auto-cadrante comme certaines caméras le sont-car sinon, le cadre est modifié entre chaque image, et l'on obtient des zoom-dézooms extrêmement rapide de l'image, qui en devient quasiment illisible. Après cela, elle commence à peindre la première image, par exemple un oiseau apparaissant sur le bord de l'écran, puis elle capture une image. Ensuite, pour l'image suivante, elle modifie sa peinture en essuyant une partie de l'oiseau, du personnage ou de l'objet (le papier hygénique a de très bons pouvoirs absorbants dans ce dommaine) et en re-peignant par-dessus, de façon à ce que l'objet soit légèrement décalé par rapport à l'emplacement où il était, puis capture une nouvelle image, et ainsi de suite. A chaque image, l'objet est légèrement déformé ou déplacé par rapport à l'image précédente, permettant ainsi aux personnages de se retourrner, de se déplacer, aux objets d'apparaître, etc.

Méthodes pour obtenir divers effets sur l'image

Tremblement de terre

L'utilisation d'un fond fixe sur lequel est posé une plaque de verre contennant les éléments mobiles de la scène peut permettre des techniques assez intéressantes. Par exemple, pour rendre un tremblement de terre, on pourrait bouger indépendemment le fond des objets, en leur faisant subir des mouvements aléatoires, et à l'écran, on ne percevrait que des vibrations.

Flou

De même, pour donner un effet de flou, on effectuera la même chose, sans re-peindre les objets entre chaque mouvement, et en superposant les images avec un logiciel de retouche. Ainsi, on prendra 6 ou 7 photos avec tous les objets dans les mêmes positions, mais en décalant le support, puis on modifiera les objets, et à nouveau 6 ou 7 images superposées... De cette manière, les formes seront à différents endroits de l'image, en surimpression (à ceci près que la surimpression éclaircit l'image à chaque fois, effet indésirable ici, c'est pourquoi on utilisera plutôt un mode de fusion des images tel que la superposition), générant aisi un effet de flou.

Brouillard

Pour générer des brouillards, on pourra utiliser deux plaques de verre posées l'une sur l'autre, avec une goutte d'eau colorée entre les deux, ou de lait pour une teinte de brouillard plus opaque, qu'on fera se déformer entre chaque image en exerçant une pressions sur les plaques. Cependant cette technique peut produire des effets assez aléatoires si elle n'est pas assez bien maîtrisée, et dans tous les cas, réaliser plusieurs fois la scène est nécessaire, afin de pouvoir choisir la "prise" dans laquelle le brouillard est le mieux réussi.

Pluie

Pour de la pluie, on séparera légèrement les deux plaques, celle du dessous (posée par-dessus l'image de fond) étant aspergée de goutelettes d'eau que l'on déplacera à chaque fois avec un ventilateur, toujours allumé pendant la même durée entre deux images afin d'obtenir un mouvement des gouttes fluide. Lors de l'utilisation de cette technique, le danger est que le courant d'air fasse aussi se déplacer la peinture. Il faudra donc employer une peinture assez peu liquide, ou protéger la vitre avec la peinture grâce à un cache vertical placé devant le ventilateur, à moins que l'on souhaite que la peinture "fonde" en même temps que la pluie tombe - ce qui n'est pas sans intérêt.

Combinaison d'effets grâce à une superposition de couches

Enfin dernière technique, qui est loin d'être la plus facile à employer : l'utilisation de plusieurs couches de verre superposées, comme pour la pluie, mais suffisemment espacées pour permettre de peindre sur les différentes couches. Celea peut permettre la génération de brouillards plus travaillés, avec plusieurs nuages, l'utilisation de différentes techniques citées ci-dessus simultanément (certains éléments floutés sur une vitre, d'autres stables sur une autre, ou encore certais éléments qui "fondent" pour en laisser apparître d'autres), ou encore l'hybridation de techniques autres que la peinture : on peut imaginer des nuages découpés dans du catron se déplaçant sur un fond peint ou photographié, et au-dessus les objets peints se déplaçant. L'inconvénient de cette technique est que l'on est confronté à des problèmes de perspective dès que les vitres sont un peu trop espacées, car les objets sur la première vitre apparaîtront plus gros que ceux sur le fond, et du point de vue de l'artiste les objets seront disposées differemment par rapport au point de vue de la caméra, ce qui oblige à vérifier constemment à l'écran que l'on ne peint pas un objet décalé par rapport à ce qui est dessous. L'avantage par rapport à la prise des différentes couches de façon séparée (en projetant les précédentes sur la vitre hors phase de capture afin de garder des repères) puis assemblées numériquement est que l'on a des effets de reflets sur les vitres ou de radiosité (les aplats de couleurs éclairés réverbèrent cette couleurs sur les applats à proximité), intéressants à exploiter, qui seraient perdus si l'on prennait les différentes couches séparément.

Comparaison entre les différentes techniques d'animation

Ensuite, quelques-uns d'entre nous - dont moi - sont allés "sur scène" pour peindre une scène digne des meilleurs films de lu mouvement de la space opera, dans laquelle naissaient de multiples étoiles accompagnées par la fusée de tintin et une mystérieuse astéroide marron. J'ai pu grâce à cette expérience comprendre que la technique de peinture animée sur verre est plus similaire à l'animation en pâte à modeler qu'au dessin animé classique ou à la pixilation. En effet, même si toutes les techniques d'animation en image par image sont basées sur le même principe : reproduire la même image à l'identique excepté quelques détails et la figer sur support numérique, puis la modifier et la re-capturer, il existe des différences majeures dans la façon de procéder :

La pixillation

La pixilation, qui est l'art de créer des films d'animation à l'aide d'objets réels grandeur nature, est assez similaire à la peinture animée lorsqu'on n'utilise que des objets inanimés, comme les objets dans une chambre qui se rangeraient tout seuls : il faut simplement déplacer les objets d'une façon infime entre chaque prise, sans en oublier un seul, sans quoi il aurait un mouvement sacadé si l'oubli est régulier, ou on constaterait une saute d'image si c'est occasionnel); cependant à partir du moment où on entre dans le domaine de la pixilation avec des objets animés - généralement des humains, mais on peut aussi utiliser des insectes assez lents - cela demande un vrai travail théâtral de la part de l'acteur, car il faut qu'il reste strictement immobile entre deux images, ne bougeant que lorsque le réalisateur lui indique de le faire. Ceci peut être extrêmement difficile dans le cas où il faut bouger aussi d'autres objets. Dans le cas d'insectes, c'est plutôt un travail de rapidité, de délicatesse et de patience tout à la fois : pour que le scarabé ou la fourmi emprunte le bon chemin tout en ayant un mouvement fluide, il faut être suffisemment rapide pour déplacer les autres objets avant que l'insecte n'ait trop bougé, puis suffisemment patient pour attendre que le sujet soit arrivé au lieu désiré pour prendre la photo, et suffisemment délicat pour le rediriger sur le bon chemin si nécessaire sans le blesser et sans trop le faire bouger.

Animation en pâte à modeler

Pour ce qui est de l'animation en pâte à modeler, il faut déplacer et déformer les objets en faisant très attention à ne pas dépasser la distance par image que l'on s'est fixée en fonction de la fréquence des images dans la vidéo (à 24 images par seconde, les objets seront modifiés deux fois moins vite qu'en 12 images par seconde), et il faut faire très attention aux problèmes techniques : plantage lors du transfert des images depuis l'appareil photo, coup de pied (non intentionnel) dans le trépied de celui-ci, chute d'un modèle en pâte à modeler au sol... Autant d'évènements dramatiques qui rythment la vie du réalisateur de films d'animation. Dramatiques, car il est impossible de revenir en arrière. Il est possible de re-créer un objet déformé par une chute ou de recadrer l'appareil photo en se fixant des repères à l'image lorsqu'on a une certaine expérience, et l'erreur se voit peu à l'image. Mais lorsqu'il s'agit de photos d'il y a deux ou trois transferts qui sont corrompues, il devient impossible de faire marche arrière en repositionnant les objets exactement là où ils auraient dû être sans que cela se remarque. Il n'y a alors que trois solutions : le re-tournage de tout le plan (un plan peut durer un ou deux jours de tournage), l'acceptation de l'erreur, en se disant que le film ne peut de toute façon pas être parfait, ou - chose très dure à effectuer, et généralement avec un résultat peu convainquant - l'interpolation des images manquantes en retouchant par infographie les images précédentes et suivantes.

Images de synthèse

L'animation en images de synthèse pures, ou avec une retouche très importante d'images réelles se décline en plusieurs méthodes, cependant elles ont toutes en commun un contrôle total de tout ce qui se passe à l'image.

Modelage 3D

Il y a premièrement l'animation 3D effectiée avec un logiciel de modelage : on part de formes de base (les primitives), comme un cube, une sphère, un cercle, que l'on déforme de façon visuelle pour obtenir un visage, une élolienne, un bâtiment. Il existe des méthodes permettant de donner de l'épaisseur à une courbe pour créer un serpent ou de générer des particules comme des gouttes de pluie à partir d'un objet, qui évitent les tâches répétitives, et permettent de modeler plus facilement certains objets. Cependant, la création d'une telle scène - sans parler d'un film entier - demande beaucoup de temps et d'énergie - mais assez peu de moyens, excepté la main d'oeuvre.

Programmation 3D

Ensuite, il y a l'animation 3D effectiée avec un langage de programmation graphique 3D. Avec cette méthode, on décrit la scène dans un langage compréhensible par le logiciel chargé du rendu. C'est une méthode très dure à utiliser et qui demande encore plus de temps que la modélisation 3D, mais elle a l'avantage de permettre l'inclusion de calculs et de programmation dans l'étape de création de la scène même, par exemple pour générer une ville, on décrira quelques bâtiments - ou même quelques étages possibles - qui seront répétés par un algorithme de remplissage pour créer une ville avec ces bâtiments ou des variantes. Ce qui est souvent utilisé est un mélange entre la modélisation 3D pour tout ce qui est personnages, plantes, et certains objets, et la programmation 3D pour ce qui est des éléments de décor répétitifs, en utilisant l'une des deux méthodes comme "base".

Animation d'images raster

Il y a aussi les méthodes de création de films d'animationen images planes : Premièrement, les images raster : ce sont des images stockées sous la forme d'une suite de pixels. On créera une image fixe avec une suite de filtres qui altèreront l'image (qui peut être vide à la base), et d'outils tels que la sélection pour appliquer les filtres à certaines zones, ou le pinceau pour tracer des éléments manuellement.

Pour créer une animation à partir de telles images, on peut soit utiliser un logiciel qui permet de faire varier les filtres en fonction du temps (par exemple le filtre créant l'éblouissement du soleil se déplacera pour suivre sa course), mais ce genre de logiciels est très peu courant. On aura donc généralement recours à un script, un petit programme qui automatisera la création des images en modifiant les paramètres nécessaires à chaque fois, tout comme pour la programmation 3D. Il est bien sûr possible de re-créer toutes les images manuellement à chaque fois, mais cela représente un travail titanesque passé quelques minutes de film.

Animation vectorielle

Secondement, les images vectorielles qui sont composées de fonctions mathémathiques qui régissent des courbes, des dégradés de couleurs ou autres, et de filtres stockés en tant que tels dans l'image (et non en tant que résultat final du filtre, comme c'est le cas dans les images raster qui ne stockent pas les filtres utilisés ni les étapes intermédiaires). Ces images peuvent soit être créées par un logiciel fonctionnant de manière graphique, soit en programmant directement les positions des courbes et autres éléments de l'image.

L'animation s'effectue comme pour les autres méthodes en modifiant les paramètres des différents éléments composant l'image. Les images vectorielles sont souvent utilisées pour les dessins animés réalisés en images de synthèse, car les dessins animés sont souvent composés de courbes dessinant les contours et d'applats de couleur ou de dégradés pour le remplissage.

Dessin animé

Le dessin animé demande généralement une autre approche : plutôt que de modifier légèrement une image de base à chaque fois, on redessinera à chaque fois l'image entière (ceci n'étant vrai que dans les dessins animés avec un budget suffisant ou une équipe de bénévoles très motivés, dans le cas contraire on utilise plutôt une image de fond sur laquelle seuls les personnages bougent, et on ne redessine donc que les personnages, ce qui économise beaucoup de travail mais fournit un travail moins soigné). Il faut donc que les desinateurs soient capables de re-créer un dessin existant à partir de zéro en ne modifiant que les parties voulues. Généralement les images du dessin animé sont scannés puis retouchées avec des outils d'infographie souvent spécialisés pour colorer le dessin s'il est fait en noir et blanc seul à la base, ou pour corriger les défauts des images, ou encore, il est possible de ne dessiner que quelques images du film, qui seront vectorisées par la suite et que l'on animera de façon numérique. Cette technique, si elle est bien appliquée et si le travail est soigné, peut donner de bons résultats.

Conclusion

Certaines techniques d'animation demandent donc d'effectuer de très légères modifications à une image de base, comme l'animation en pâte à modeler, ou la pixilation avec des objets inanimés. La peinture animée appartient à cette catégorie. Les techniques d'animation en images de synthèse demandent la création d'une image de base qui sera par la suite modifiée de façon automatique, ce qui demande une vue d'ensemble de chaque plan car tout est prévu dès le départ de la phase d'animation. Enfin, le dessin animé requiert que l'on recrée chaque image ex nihilo, ce qui s'oppose aux techniques précédentes.

Pour conclure, nous avons à la fin de cette intervention vu en groupe réduit le dessin animé de Léo et échangé quelques remarques avec l'animatrice.

Séance animée avec Arte

Le CID

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Ce court-métrage est une représentation théâtrale du Cid (non intégrale) jouée par des insectes. Ces insectes sont en fait des marionnettes aux reflets vernis. La technique utilisée appartenait donc à la catégorie "modification petit à petit". L'effort dans ce court-métrage avait à la fois été mis sur la lumière et le son.

La lumière, car il y avait différentes amibances très bien réussies : nuit, et plein jour estival, qui faisait penser à l'espagne, chose souhaitable pour une pièce se passant en espagne. Ces amiances étaient "nature" et les couleurs n'avaient pas été retouchées en post-traitement, ce qui en augmente le mérite. En effet, il est assez difficile d'obtenir en animation une ambiance de nuit à la fois crédible et esthétique : il est nécessaire d'utiliser des lampes bleues ou UV (il ne me semble pas que des néons UV aient été utilisés dans ce cas), ou des tissus bleus pour donner la teinte voulue à la scène, par effet de radiosité. Cependant, la scène ne doit pas être trop sombre au risque de mal passer à l'écran, et la lumière bleue doit être suffisemment ambiante et diffuse pour ne pas donner des reflets bleu vif aux objets, qui donneraient alors l'impression d'être dans une discothèque. L'ambiance plein jour pose les mêmes difficultés : la lumière doit être jaune et chaude, le ciel bleu... ciel, sans toutefois que la lumière soit écrasante (on ne recherche pas un high key), ni que le ciel reflète trop sa couleur sur le reste de la scène. Des reflets spéculaires intéressants ont toutefois été obtenus grâce au vernis dont les marionnettes étaient recouvertes, ce qui donnait un effet de bois vernis aux objets, dont l'apparence ne cherchait pas le réalisme. Ces reflets étaient maîtrisés et suffisemment discrets pour être plus agréables que désagréables, ce qu'ils n'auraient pas manqué d'être si trop présents à l'image.

Ensuite, le son était intéressant : un mélange de flamenco qui n'est pas sans rappeller certaines interprétations du Cid et de voix burlesques attribuées aux "acteurs". De plus, les bruitages (battements d'ailes, roulis de la pomme) étaient convaincants.

Memoria dei cani (Mémoire des chiens)

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Dans ce court-métrage, on découvre une vision déformée du monde, tel qu'il est dans la mémoire d'un chien. A la fin, on se rend compte que c'était le flash-back avant la mort d'un chien.

La technique utilisée est celle du grattage : on prend une feuille noire recouverte d'une fine couche blanche, et l'on gratte la couleur blanche pour laisser apparaître des traits noirs. Pour animer ces images, il aura fallu faire comme pour les dessins animés : toutes les images ont été re-dessinées ou plutôt grattées une par une, en essayant d'obtenir une image similaire à la précédente. Comme le grattage est moins précis que le dessin au crayon, et qu'il est impossible d'effacer un trait, les images qui se succèdent présentent toutes des différences, ce qui fait que l'animation est oscilante, on a l'impression que le dessin vibre.

L'effet "mémoire de chien" était très bien réussi : la caméra était placée plus près du sol que d'habitude, donc du point de vue du chien, dans les quelques séquences en vue subjective, mais la plupart du temps, on voyait la scène d'un point de vue extérieur, comme dans les rêves. Il y avait aussi une déformation des perspectives qui donnait l'impression que l'on ne voyait pas par les yeux d'un humain. A cela s'ajoutait le manque de netteté des images dû à la vibration évoquée plus haut, qui avchevait de donner l'impression d'un rêve ou d'un souvenir.

Même en rêve

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Ce très court-métrage nous montre une femme se réveillant en sursaut dans les bras de son mari, à qui elle dit de partir pensant que c'est son amant. Pour expliquer ce réveil brutal, elle invente un rêve abracadabrant qui n'a rien à voir avec celui qu'elle avait fait. Mais voilà que le mari entreprend de faire une psychanalise humoristique du rêve : Le monstre enfermé dans le placard serait selon lui un amant, etc. Mais il ne se doute pas qu'il est proche de la réalité, et la femme à chaque fois imagine qu'il dit vrai. Le court-métrage se termine avec le départ du mari qui se rend à son travail... mais sa femme se trompe de prénom en lui disant au revoir...

Ce CM était un dessin animé réalisé avec un trait très simple, les formes étant représentées avec le minimum de détails, un peu à la manière des dessins d'enfants, juste assez pour que l'on reconnaisse l'objet dessiné. Etant donné que l'image ne vibrait pas du tout, on peut supposer que seules quelques images-clés ont été dessinées à la main, puis vectorisées et que le reste a été interpolé. Si toutes les images avaient été dessinées à la main, on aurait plus vu de micro-sautes d'images, car si les défauts entre deux images sont masquées dans un dessin animé "standard" par la couleur et les détails, le style épuré utilisé ici nous forcait à nous concentrer sur le peu d'informations contennues dans les images, et par conséquet tout erreur était davantage visible.

Le son n'avait rien de particulier, on pouvait juste notter qu'il était un peu vide, comme s'il avait été enregistré dans une pièce sans meubles, sans qu'on n'ajoute de filtres sur la bande son pour l'étoffer et lui donner du corps.

Histoire tragique avec fin heureuse

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Ce court-métrage racontait l'histoire d'une femme délaissée et en marge de la société, qui petit à petit se vit pousser des ailes, tout en devenant de plus en plus joyeuse, et qui finalement s'envola, provoquant l'émerveillement de tous les habitants de la ville.

La technique utilisée ici était de nouveau celle du grattage. Il n'y avait quasiment pas de différences techniques au niveau de l'image avec Memoria dei cani, excepté que l'image était un peu moins mouvante.

Le son était intéressant : Tout le long, il y avait principalement une voix off qui racontait l'histoire. Cette voix était particulièrement réussie : voix douce d'une femme, dans laquelle on sentait un amour pour la femme qui se voyait à l'image. Un peu comme si elle racontait des années après ce qui lui était arrivé.

Silence is golden

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Ce film relate l'histoire d'un enfant dont le voisin, qui se tape régulièrement la tête contre les murs, est fou, et dont la mère, hystérique, boit. Le jeune garçon fait les quatre cent coups pour titiller son voisin, mais petit à peitit il est contaminé par sa folie. Le film se termine lorsqu'on voit le petit garçon dir "je ne deviendrai jamais cinglé comme lui" tout en se tapant la tête contre les murs.

Ce film n'était pas un film d'animation dans sa partie principale, cependant de nombreux passages montraient les dessins de l'enfant ou un tableau accroché au mur, ou ses jouets, qui s'animaient pour représenter ce qu'il imaginait. Ces passages étaient dessiné au crayon d'une manière infantile, et comme dans les deux court-métrages réalisés avec la technique du grattage, l'image vibrait dans ces passages. De plus, l'image était souvent déformée, un peu comme dans un rêve. Cela donnait une impression de fouillis et de manque de netteté, qui correspondait bien à l'esprit dans lequel devait se trouver le jeune garcon.

L'image était assez sombre et des filtres avaient parfois été appliqué afin de lui donner une teinte kaki sombre, provoquant ainsi une ambiance assez morbide.

Le son était aussi plutôt dérangé : en voix off, il y on entendait les pensées du petit garçon qui souvent accompagnaient ses dessins, ou qui se superposaient aux cognements du voisin, et par-dessus, les bruitages ressemblaient à des sons de jeux vidéos. Le tout, accompagné des cris de la mère, donnait une impression de folie.

Conte de quartier

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Ce court-métrage suit l'histoire d'une poupée abandonnée que tout le monde semble vouloir : les voleurs qui ont caché le butin à l'intérieur, le petit garçon qui s'y est attaché, le lion échappé du cirque, le chien qu vagabond... Et la plupart de ces personnages sont eux-même suivis par d'autres.

L'action se déroule dans un décor urbain peint dans lequel les machines sont menaçantes et les affiches représentent quasi-systématiquement des femmes nues. Reproche intéressant à notre société dans laquelle tout se mécanise, et où l'utilisation du corps de la femme à des fins publicitaires est incessante. La technique utilisée dans ce film est la peinture animée. On a donc une image mouvante, mais fluide (chaque coup de peinture rajouté emporte un peu du précédent, ce qui fait qu'on a l'impression que le dessin "coule" sous les coups de pinceau).

La bande son est uniquement composée d'une musique un peu dans le genre Jazz, très douce, qui accompagne le film un peu à la manière des films muets. D'ailleurs on retrouve certaines caractéristiques du film muet dans ce court-métrage : absence de paroles (???), expressions du visage très marquées, mouvements presque corégraphiques...